En tant qu'Arabes, nous affirmons que les actes anti-juifs
qui ont lieu en France depuis quelque temps sont intolérables.
La colère et la rage que nous inspirent les crimes
de Sharon ne doivent et ne peuvent, en aucun cas,
justifier les amalgames et les dérives. En attendant
l'issue des enquêtes menées par les autorités françaises
sur les auteurs de ces agressions odieuses, et quel
qu'en soit le résultat, nous appelons les communautés
moyen-orientales et maghrébines de France à une extrême
vigilance, et souhaitons rappeler, à tous, un certain
nombre d'évidences : la communauté juive n'est pas
identifiable au peuple israélien.
Le peuple israélien n'est pas non plus - loin de
là - à l'image de Sharon. Les nombreux Israéliens
que la peur et l'insécurité rangent aujourd'hui à
ses côtés prendront mieux conscience de leur aveuglement
et de leur fourvoiement si nous savons les convaincre
de notre absence d'animosité à leur égard, en tant
que communauté et en tant qu'hommes.
Nos partenaires et nos partisans les plus précieux
sont les Israéliens et les Juifs qui œuvrent, aux
côtés des Palestiniens, contre l'occupation, la répression,
la colonisation et pour la coexistence de deux Etats
souverains, palestinien et israélien.
Un grand nombre d'entre eux ont une histoire familiale
tragique, marquée par l'holocauste. A nous de leur
rendre hommage et de les rejoindre sur cette ligne
de crête qui consiste à savoir quitter la tribu quand
il s'agit de défendre des droits et des libertés universels.
Ne tombons pas dans le piège de Sharon.
Ne nous trompons pas de combat. L'insulte contre
un Juif ou un Arabe, c'est la même. Elle ne profite,
dans les deux cas, qu'à l'extrémisme fasciste dont
se réclament Sharon et les siens. Qualifiant les attaques
contre les synagogues et les commerces juifs de "crimes
contre les Palestiniens", Leïla Shahid ne pouvait
mieux dire. Ecoutons son appel.
Ce texte est cosigné par
Adonis, Ahmad Abodehman, Abdel Hamid Akkar, Malek
Alloula, Khalil Al Nouaymi, Salwa Al Nouaymi, Mohammad
Bahjaji, Hoda Barakat, Jamel Eddine Bencheikh, Tahar
Ben Jelloun, Fathi Ben Slama, Karima Berger, Mohamed
Berrada, Hassan Chami, Mohammed Choukri, Dominique
Eddé, Wafa El Amrani, Zeynab El Aouaj, Asmahan El
Batraoui, Ibrahim El Khalib, Kadhim Jihad, Mohammad
Kacimi, Elias Khoury, Idriss Khoury, Rachid Koreichi,
Abdellatif Laâbi, Wassini Laaraj, Issa Makhlouf, Fayez
Malas, Alia Mamdouh, Farouk Mardam-Bey, Hassan Nejmi,
Hachem Saleh, Mayssoun Sakr, Elias Sanbar, Mary Seurat,
Abdel Jabar Shimi, Gilbert Sinoué, Habib Tengour,
écrivains
Yto Barrada, Randa Chahal, Fouad El Koury, Safa Fathi,
Najib Gouiaa, Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Dina
Kamel, Nadia Kamel, Michel Khleifi, Ibrahim Khill,
Mohamad Malass, Yousry Nasrallah, Mohammad Qassimi,
Ghassan Salhab, Elia Suleiman, cinéastes, photographes,
peintres
Sidi Mohammed Barkat, Hamid Barrada, Marwan Bechara,
Elmostafa Ben Boucetta, Mohammad Enkheira, Ali Ben
Saad, Claude Brahimi, Faouzia Charfi, Mohamed Charfi,
Khedija Cherif, Iarbi Choulkha, Hicham Djaït, Anne-Marie
Eddé, Rudolf El Kareh, Borhan Ghalioun, Sabri Hafez,
Abdallah Hamoudi, Mohammad Harbi, Bachir Hilal, Mahmoud
Hussein, Adil Jazouli, Rashid Khalidy, Walid Khalidy,
Bassma Kodmani, Hala Kodmani, Khadija Mohsen-Finan,
Lotfi Madani, Ilham Marzouki, Camille Mansour, Ouardia
Oussedik, Hamadi Redissi, Moustapha Safouan, Houari
Touati, chercheurs, professeurs des universités,
éditeurs.
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