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Georges Bartoli, photographe, était présent à Ramallah avec la délégation des "internationaux" le jour où celle-ci a forcé le blocus militaire israélien pour aller rencontrer Yasser Arafat dans son quartier général assiégé.
L'ESPRIT DES BRIGADES

par Georges Bartoli

Le 30 mars a peut-être marqué un tournant dans la chaotique histoire du conflit israélo-palestinien.

C'est l'irruption de la société civile européenne. Ou plutôt l'irruption d'une trentaine d'illuminés entre les chars israéliens et les soldats qui encerclaient la Mouqata'a, le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah.

Marche incroyable, surréaliste, qui a battu en brèche l'organisation de cette prestigieuse armée israélienne que l'on dit être l'une des meilleures du monde (sur quels critères d'ailleurs, qui est le jury, à quel niveau de sang versé se mesure l'efficacité d'une armée ?).

Plus que l'armée, c'est la politique d'Ariel Sharon qui a été battue ce jour-là par José Bové et ses camarades. Une politique qui dénie à un peuple le droit même d'exister, une politique, qui, relayée dans le monde par une propagande irrationnelle, tente de faire passer pour du droit ce qui est le plus manifeste déni de justice de l'après-guerre.

Copyright Georges Bartoli
© Georges Bartoli
Dans les rues de Ramallah

Ni la puissante Tsahal, ni l'Etat qui la commandite, ni les puissances financières qui la soutiennent ne savent comment s'opposer à l'émergence d'une société civile mondiale, née peut-être à Seattle, grandie à Gênes et à Barcelone et qui réclame aujourd'hui le droit international comme elle réclame la justice sociale, l'un pourrait-il aller sans l'autre ?

Face à l'affligeant spectacle de beaucoup de nos intellectuels qui réclament le droit d'ingérence à condition qu'il ne s'applique pas au Moyen-Orient, face à des gouvernements occidentaux bâillonnés par les compromis et qui décrètent la non-intervention comme la décrétèrent avant eux et deux ans avant Munich ceux qui refusaient de voir dans la guerre d'Espagne l'acte premier du déferlement nazi sur l'Europe, face à ceux-là, les trente "internationalistes" de la Mouqata'a ont ressuscité l'esprit des brigades internationales, ils ont sauvé l'honneur du pays dont ils sont membres et donné aux politiques obnubilés par les présidentielles françaises une grande leçon à fois de courage et d'humanité.


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